Aller « veiller » devant la maison de la CEF comme si c'était l'Elysée ou le ministère de la Justice, assimiler les évêques aux "députés et sénateurs", est-ce catholique ?

 

C'est pourtant ce qui est en cours,

avec commentaires injurieux :

 

 

 

On sait qu'une partie des catholiques français se croient meilleurs catholiques que les successeurs des Apôtres. On sait aussi que tous les « veilleurs » ne sont pas des catholiques. On sait néanmoins que la sociologie de LMPT est très largement celle du monde catholique, comme le soulignait récemment l'un des propres porte-parole de LMPT (le musulman Camel Bechikh). D'où le malaise ressenti par beaucoup de catholiques, ce 4 juillet, en apprenant que des « veilleurs debout » parisiens manifestent devant la maison de l'épiscopat, avenue de Breteuil, exactement de la même façon que s'il s'agissait du ministère de Mme Taubira.

Ces « veilleurs »-là n'engagent évidemment pas la responsabilité des autres (nous avons dit ici toute notre amitié envers ce mouvement). Mais ce sont quand même des « veilleurs », et leur façon de mettre en parallèle la CEF et Mme Taubira est inqualifiable. Surtout si l'on songe au travail accompli par la conférence épiscopale, en 2012, pour démonter conceptuellement la loi Taubira ; puis pour appeler les catholiques français à exprimer leur opposition par tous les moyens possibles et légaux ; puis pour répliquer dans la durée (calmement et fermement), aux médias, au gouvernement et aux élus de la majorité.

Dans un climat de plus en plus pénible, les évêques ne se sont pas offusqués des propos insultants d'élus à leur égard.

Ils ne s'offusqueront pas non plus des propos injurieux tenus à leur égard, ce 4 juillet, par des super-catholiques.

En effet, plusieurs sites ultramilitants (sous pavillon catholique) vantent l'action de l'avenue de Breteuil, et publient des commentaires méprisants et agressifs à l'encontre des évêques qu'ils assimilent ouvertement à la classe politique séculière : « Les députés, sénateurs, et évêques ont déjà baissé les bras... » - « J'espère que [cette] action servira à réveiller les consciences de nos évêques... » - « Comment se fait-il que les évêques de France ne  viennent  pas  (au moins)  saluer les veilleurs ? Il faut donc que les catholiques réveillent la conférence... » [1] - «C'est quand même un comble d''être obligé de réveiller le clergé, ne seraient-ils plus catholiques [2]... » , etc.

Que des incroyants jugent mal les évêques, ce serait leur droit le plus strict. Mais que des catholiques-Twitter se permettent de juger si les évêques sont ou non « catholiques » à leurs yeux (c'est-à-dire conformes aux préjugés d'un milieu), c'est ahurissant. La paille et la poutre ! Le malaise existait de longue date, il s'aggrave aujourd'hui à la faveur de la confusion générale ; les évêques finiront par se voir obligés de dissiper ces brouillards mentaux.

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[1] Noter l'humilité chrétienne de ce propos... et son sens filial de l'Eglise.

[2] On voit le détournement du label : sont « catholiques » ceux qui nous approuvent, point barre, rien d'autre à savoir. C'est une ecclésiologie à laquelle le cardinal Journet n'aurait pas songé.